Le Cantique des cantiques fait partie des livres dits sapientiaux. Il est un recueil de chants nuptiaux, des chants d’amour ou les sentiments des deux amoureux s’expriment avec beaucoup de poésie. C’est un livre qui ne parle explicitement de Dieu nulle part. C’est pourquoi sa présence dans la Bible étonne et choque bon nombres de lecteurs. Toutefois, on reconnait que le Cantique des cantiques est un chant d’amour par excellence. Ceci dit, la question qui mérite d’être posée est la suivante : ce livre mérite-t-il d’être dans le canon ?
Est-il saint ?
Remarquons que depuis l’Antiquité, on a proposé de comprendre le Cantique comme un poème symbolique décrivant par exemple les relations de Dieu avec son peuple. Ce qui a favorisé sa présence dans le canon des écritures.
Le titre
Le titre traditionnel, le Cantique des Cantiques, a conservé la forme utilisée pour le superlatif en hébreu : en Dt 10, 17 « le Dieu des dieux désigne le Dieu suprême » ; le Seigneur des seigneurs, le Roi des rois, le Saint des saints… Le Cantique des Cantiques renvoie donc au Cantique suprême, le Cantique par excellence, le plus beau Cantique, parce qu’il parle de l‘amour qui est aussi suprême.
Auteur et l’époque
Comme la tradition savait que Salomon avait composé des cantiques, on lui a attribué ce cantique au superlatif. Il a été écrit probablement vers 350 avant Jésus-Christ.
Contenu
Ce livre chante dans une suite de poèmes l’amour mutuel d’un bien-aimé et d’une bien-aimée ; ce sont les dialogues d’un homme et d’une femme, qui se cherchent, se trouvent, se perdent et se remettent en quête l’un de l’autre, semblent parfois interrompus par des voix étrangères, qui ne sont pas toutes bienveillantes : les bergers, la mère et les frères de la jeune fille, ces compagnes… Ces personnes prétendent pouvoir intervenir entre les deux partenaires. Mais cet amour ne leur appartient pas, il est le don de Dieu à ceux qui s’aiment. Les poèmes sont des dialogues. Le bien-aimé est appelé roi et la bien-aimée est appelée la « sulamite ».
Le Cantique des cantiques compte 8 chapitres et peut être reparti en 7 poèmes :
- 1, 2-2, 7 : le dialogue des amoureux
- 2, 8-17 : l’arrivée du bien-aimé
- 3, 1-5, 1 : le rêve (à la recherche du bien-aimé)
- 5, 2-6, 3 : l’amour fugitif
- 6, 4-7, 11 : portrait de la bien-aimée
- 7,12-8,5a : le bonheur d’être aimé
- 8, 5b-14 : la force de l’amour
Selon Origène, c’est une œuvre qui chante les aventures d’une bergère qui, enlevée par Salomon et enfermée dans son harem (espace interdit aux hommes, appartement exclusivement aux femmes), reste fidèle à son premier amour.
Pour certains, c’est une collection de chants qui à l’origine célébraient les noces divines (divinités orientales de la végétation), devenu une légende pour les Israélites.
Le livre chante l’amour humain qui naît de l’admiration pour la beauté physique.
Thème
L’amour, Yahvé époux d’Israël, c’est un recueil de chants qui célèbre l’amour mutuel et fidèle que scelle le mariage. Il proclame la légitimité et il exalte la valeur de l’amour humain, et le sujet n’est pas seulement profane puisque Dieu a béni le mariage, entendu moins comme un moyen de procréation que comme l’association affectueuse et stable de l’homme et de la femme.
Les interprétations
Les chercheurs nous proposent quelques interprétations. Le Cantique des cantiques représente les noces du Christ avec l’Église, l’union mystique de l’âme avec le Dieu d’amour (dans l’âme, il y a une partie où Dieu nous rejoint= le secret). L’histoire de Dieu avec l’humanité. Ce n’est que l’amour qui peut remettre ensemble un couple déchu. Ici la femme attend l’homme pour venir le délivrer : l’humanité en attente du Sauveur (bien-aimé). Le Cantique des cantiques est le meilleur commentaire du livre de la Genèse : allez et multipliez-vous.
Enseignement
Il enseigne à sa manière la bonté et la dignité de l’amour qui rapproche l’homme et la femme.
Étude de texte : 7,12-14 ; 8,1-7 (le bonheur d’être aimé/la force de l’amour)
Évocation du printemps : la relation est toujours à développer. Son épanouissement passe à travers les étapes de la germination faites de patience et d’espérance. Ce qui est vécu aujourd’hui ouvre sur la nouveauté de demain, symbolisée par les fleurs des grenadiers et les fruits de l’automne.
L’amour s’accomplit dans le fait d’être prêts à se donner à l’autre, un don irrévocable, loin des hésitations du cœur.
Les jardins sont le cadre favori des scènes d’amour.
Le sceau évoque la puissance invincible de l’amour, son caractère inéluctable, sa valeur sans pareille. Ce poème est le couronnement du recueil.
Le Messie né d’une femme et nourri par elle, est devenu le frère de tous les humains.
Quoi de plus fort que l’amour ? les versets 5 à 7 du chapitre 8 sont un hymne à l’amour, avec de profondes résonances bibliques ; la femme est passée du désert, lieu de solitude, d’épreuve et de conversion à une vie de communion, sous un pommier.
L’amour renouvelle tout.
Rien ne pourra séparer les amants du Cantique, ni la puissance de la mort, ni celle de l’enfer, ni l’eau des océans.
Dans tout amour vrai entre un homme et une femme, il y a une étincelle de l’amour divin.
Conclusion
C’est un livre qui ne parle pas de Dieu et qui emploie le langage d’un amour passionné. La recherche réciproque entre les époux est celle entre Dieu et l’homme (la nostalgie de Dieu). Ce livre est l’expression concrète de la relation amoureuse entre Dieu et l’homme. Ici on trouve une fidélité à toute épreuve. Il est possible d’être vertueux à tous les cours de la vie. Selon les maîtres juifs, ce livre est une meilleure interprétation de l’événement pascal (la pâque juive) ; en tant qu’il dit comment Dieu (le bien-aimé) est allé chercher son peuple Israël (la bien-aimé) de la terre d’Égypte.
Selon les pères de l’Église, le Cantique chante l’amour du Christ et de l’Église (Ep 5 32). L’amour est un don de Dieu.
Dans le livre des cantiques, on trouve les trois grandes affirmations sur l’amour :
- L’amour est fort comme la mort : irrésistible ;
- L’amour est ardent et éternel ;
- L’amour n’a pas de prix, ne s’achète pas.