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La piété populaire : un trésor pour l’Église

piété populaire
Pour nous Québécois, et pour bien d’autres peuples, la mère est le rempart contre la colère du père et c’est par elle que nous faisons nos demandes, avouons nos fautes et demandons pardon.

Dans ce moment de douleur et de découragement, Jean au pied de la croix accepte de prendre chez lui Marie. Dans cette solitude provoquée par la mort du Christ, les deux trouvent réconfort et protection. On peut y voir une image de la piété populaire où chacun s’appuie sur la conviction que leur épreuve se transforme à la lumière de la foi. Malgré la mort, rien n’est perdu, tout est faire ; il faut continuer de vivre pour être des témoins de la résurrection. Pour nous, chrétiens d’aujourd’hui, il existe de tels lieux pour affronter, parfois, la dure réalité de notre quotidien.

  • Qui n’a pas dans son coeur un saint ou une sainte à qui se confier et demander de l’aide, ou vers qui déverser son ras-le-bol des obstacles de la vie ?
  • Qui n’a pas son lieu saint privilégié où se réfugier dans la tourmente du quotidien et refaire le plein d’Esprit Saint ?
  • Qui n’a pas vécu personnellement une rencontre intime avec son Créateur ?
  • Qui n’a pas ressenti la présence de Dieu à travers l’expression d’une dévotion particulière à Marie, à Joseph ou à sainte Anne par exemple ?

Nous entendons plein d’histoires, de témoignages véridiques où l’Esprit Saint a favorisé une guérison miraculeuse par l’intermédiaire d’une dévotion particulière. Tout cela relève de la piété populaire. C’est comme si c’était plus facile de s’adresser à un intermédiaire qui a déjà fait l’expérience intime de la rencontre avec Dieu et qui trône à sa droite dans les cieux.

Ce n’est pas dans nos habitudes de nous adresser directement au Père. Pour nous Québécois, et pour bien d’autres peuples, la mère est le rempart contre la colère du père et c’est par elle que nous faisons nos demandes, avouons nos fautes et demandons pardon. C’est pourquoi Marie demeure l’intermédiaire par excellence pour nos demandes. La récitation du chapelet en est un exemple convainquant, nous nous adressons à Marie pour intercéder auprès de la Trinité. Cette proximité avec le quotidien représente l’acculturation d’un peuple à la tradition chrétienne.

Un bien grand mot que celui d’acculturation. Il demande une explication particulière : d’abord l’acculturation est le moteur de toute dévotion populaire. Qui veut connaître un peuple doit d’abord en connaître la culture et son influence dans la piété populaire de son pays. Nous ne vénérons pas Marie de la même façon sur tous les continents mais nous nous adressons tous à la même Vierge. Comme des enfants d’une même famille qui proviennent tous du même amour mais qui sont tous et toutes différents les uns aux autres et qui ne voient pas le quotidien de la même manière.

Au Québec, contrée où la famille reste la base et le ciment de notre identité, la mère est la figure qui représente l’amour, la compassion et le dévouement. Pas surprenant que Marie et Sainte Anne soient une partie importante de notre piété populaire. Les dévotions nombreuses à la Vierge sous toutes ses facettes sont l’exemple d’une acculturation soutenant notre foi. L’exemple d’invoquer un saint ou une sainte particulière pour chaque évènement difficile de la vie (maladie, dépendance, mort, trahison, incompréhension, etc…) est présent dans l’expression quotidienne de notre foi.

Selon la Conférence des évêques catholiques du Canada (CÉCC) la religiosité populaire signifie que la foi plonge ses racines au cœur des peuples d’une façon telle qu’elle s’introduit dans le monde du quotidien. La piété populaire doit toujours être vécue en harmonie avec la liturgie de l’Église. Et pour ce faire, elle doit être imprégnée de :

  1. Un esprit biblique, puisqu’il est impossible d’imaginer une prière chrétienne sans une référence directe ou indirecte à l’écriture sainte ;
  2. Un esprit liturgique, si l’on veut être correctement disposé aux mystères célébrés dans les actions liturgiques ou que les effets en soient prolongés ;
  3. Un esprit œcuménique, dans le respect des sensibilités et des traditions religieuses des autres communautés chrétiennes.
  4. Un esprit anthropologique, qui utilise des expressions et des symboles importants et porteurs de sens pour une culture ou un peuple donné, afin de répondre adéquatement à ses besoins religieux ;
  5. Un esprit missionnaire, puisqu’il incombe à tous les fidèles de porter témoignage au Christ Seigneur. (CÉCC, 2010)

Enfin toute dévotion populaire doit nous conduire à la contemplation de la Sainte Trinité et à son action (compassion, tolérance, accueil, équité, empathie et respect de chaque être créé par Dieu). Il faut être disciple du Christ en vivant l’Évangile au quotidien.

« Quand vous allez dans les sanctuaires, quand vous emmenez votre famille, vos enfants, vos amis vous faites vraiment un acte d’évangélisation. Il faut continuer ainsi ! Soyez, vous aussi, de vrais évangélisateurs. » (Pape François)

 * Acculturation: modification des modèles culturels de base de deux ou plusieurs ethnies distinctes, résultant du contact direct et continu de leurs cultures différentes.

 

** Inculturation: activité visant à intégrer le message chrétien dans une tradition culturelle particulière.

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