Évangile
Jésus leur dit encore : « Supposons que l’un de vous ait un ami et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander : Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : , moi je vous l’affirme : même s’il ne se lève pas pour lui donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
“Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, vous obtiendrez; cherchez, vous trouverez; frappez, la porte vous sera ouverte. Celui qui demande reçoit; celui qui cherche trouve; et pour celui qui frappe, la porte s’ouvre. Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson? Ou un scorpion, quand il demande un œuf?
‘Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit-Saint à ceux qui lui demandent?
Commentaires
Jésus poursuit son enseignement sur la prière. Le silence est rempli de l’Esprit Saint; le Notre Père, notre Papa, est encore tout chaud dans le cœur des disciples. Jésus veut faire descendre encore plus profondément dans leurs âmes la paternité de Dieu, il veut les mettre en confiance envers lui comme lui est dans la pleine confiance envers le Père : ‘‘Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse! ’’ (Luc 22:42)
Jésus fait confiance à son Père. Il ne marchande pas sur la coupe qu’il a à boire, il renonce à sa volonté de ne pas la boire si c’est la volonté du Père. ‘Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son oeuvre à bonne fin. » (Jn 4, 34)
Jésus enseigne que notre Père est Saint, qu’il est le Créateur de l’univers et qu’il n’y a que lui qui puisse régner à jamais et rendre à chacun selon son droit et dans l’amour. C’est pourquoi sa volonté doit être faite pour que la paix s’instaure, que la vie reprenne le dessus sur la mort, l’amour sur la haine, l’unité sur la division. ‘Père, que ta volonté soit faite’ enseignait Jésus. ‘Celui qui vient à Moi, JE ne le rejetterai pas, car JE suis descendu du ciel pour faire non pas ma propre volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé’ (Jn 6-37) ‘Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une soeur et une mère. » (Mt 12, 50)
Évidemment, toute la difficulté pour que la volonté du Père se fasse en nous, c’est que nous parvenions à nous oublier entièrement sur cette terre, que nous arrivions à renoncer à nous-mêmes pour nous abandonner à cette volonté sainte dans la confiance. N’est-ce pas cette confiance qui permet à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus de dire : ‘sur terre j’ai toujours fait ta volonté, alors au ciel c’est toi qui feras la mienne’? Il n’y a rien de brimant à faire la volonté du Père.
‘Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. Qui ne prend pas sa croix et ne suit pas derrière moi n’est pas digne de moi. Qui aura trouvé sa vie la perdra et qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera.’ (Mt 10, 37-39) Renoncer ne signifie pas nier. Nous n’avons qu’un seul Père, nous pouvons avoir deux pères. Notre père sur la terre assure la continuité de la génération dont le Père des pères est l’auteur. C’est au Père de l’origine que nous devons l’amour premier pour bien aimer notre père de la terre. Toutefois, c’est en honorant notre père et notre mère dans la chair que nous pouvons accéder à l’adoration du Père en esprit. Le Père du ciel qui est saint n’enlève rien à notre père de la terre, au contraire, il donne vie à cet amour en lui donnant son sens. Sans le grand-père, il n’y a pas de père, sans Dieu, il n’y a rien. La confiance en Dieu le Père doit être sans mesure, car son amour pour nous est infini, éternel, son amour est sans faille, sans injustice, sans faute. Jésus qui vient nous sauver par sa mort et sa résurrection le connait cet amour dont nous sommes aimés, il sait que nous ne méritons en rien cet amour et que c’est par lui qui vient dans notre nature que nous pourrons revenir à la vie. Jésus veut enseigner à faire confiance au Père, à tout prix. Il en va de notre vie. ‘Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ — c’est par grâce que vous êtes sauvés! — avec lui, il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus. Il a voulu par là démontrer dans les siècles à venir l’extraordinaire richesse de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus. Car c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu; il ne vient pas des oeuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier. Nous sommes en effet son ouvrage, créé dans le Christ Jésus en vue des bonnes oeuvres que Dieu a préparées d’avance pour que nous les pratiquions.’ (Éph 2, 4-10)
Jésus connait bien notre nature humaine qui ne cherche que son bien propre au détriment du bien commun. Il connait bien notre nature égocentrique qui tend à se faire servir plutôt qu’à servir, à rechercher les plaisirs immédiats plutôt que de miser sur les joies de la justice, de l’amour, de la vérité, de la bonté. Nous résistons à la prière lorsque tout va bien, nous oublions nos devoirs de gratitude, de reconnaissance, de louange. ‘Mon âme, tu as quantité de biens en réserve pour de nombreuses années; repose-toi, mange, bois, fais la fête.’ Mais Dieu lui dit : ‘Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme.’ (Lc 12, 19-20)
‘Seigneur, apprends-nous à prier! ’
Jésus propose aux disciples la parabole d’un ami qui vient en pleine nuit demander le possible dans une situation difficile. L’ami se lèvera non par amitié pour rendre le service, mais à cause du sans-gêne de son ami et pour ne pas aggraver la situation. Il n’y a pas de grandeur d’âme, ni chez l’un, ni chez l’autre et pourtant l’impoli recevra ce qu’il demande.
Il en va autrement si nous frappons à la porte du Père : ‘Vois, il ne dort ni ne sommeille, le gardien d’Israël. Yahvé est ton gardien, ton ombrage, Yahvé, à ta droite. De jour, le soleil ne te frappe, ni la lune en la nuit. Yahvé te garde de tout mal, il garde ton âme. Yahvé te garde au départ, au retour, dès lors et à jamais.’ (Ps 121, 4-8)
Nous ne pouvons déranger le Père, il est toujours en éveil, il est toujours tout amour, et rien qu’amour. Avant même que nous demandions, il devance notre pensée, nos désirs. Le Père nous attend, il tarde d’entendre notre main frapper à sa porte, notre bouche de l’appeler, notre cœur de le désirer.
Nous sommes loin de l’ami qui est ami lorsque tout va bien, il est l’ami qui prend sur lui tout notre mal pour nous donner un bien qui est le vrai bien. Il vient nous éloigner de ce qui est mort, fausses richesses, illusions, mensonges, et cela même au risque que nous le haïssions. ‘Mais c’est pour que s’accomplisse la parole écrite dans leur Loi : Ils m’ont haï sans raison.’ (Jn 15, 25)
‘Eh bien, moi, je vous dis : Demandez, vous obtiendrez; cherchez, vous trouverez; frappez, la porte vous sera ouverte.’
Votre pauvre père terrestre, même s’il était riche et puissant, ne pourrait en rien ouvrir vos yeux dans un tombeau. Il ne pourrait en rien prolonger votre vie d’un instant, vous éviter tout mal, vous conduire dans l’unité avec tous. Toute sa bonne volonté, sa générosité à votre égard ne changeraient en rien votre destin de mortel. Combien de papas, de mamans, de fils, de filles gisent sous terre sans un mot d’amour à s’échanger, sans une étreinte à partager? Notre Père qui es aux cieux, que ton règne vienne! Ce règne où l’Esprit Saint nous fera renaitre par le don du Fils dans la volonté du Père.
Demandez cet Esprit pour transmettre à chacun la vie qui n’a pas de fin, la vie où l’amour peut se réaliser pleinement, à jamais, dans les siècles des siècles!
‘Viens, toi qui toujours demeures immobile et pourtant à chaque instant te mets tout entier en mouvement pour venir à nous, couchés parmi les morts, ô toi qui es au-dessus de tous les cieux.’ (Saint Syméon le Nouveau Théologien [vers 949-1022], moine orthodoxe, Invocation au Saint-Esprit, introduction aux Hymnes [trad. Cerf 1979, p.114])
‘O mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l’éternité! Que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m’emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère. Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos; que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre action créatrice. » (Sainte Élisabeth de la Trinité)
Y a-t-il lieu plus paisible et désirable en ce monde que d’être en Dieu le Père, dans l’Esprit Saint par les mérites du Fils de Dieu?
Une réponse
Quelle belle Homélie, je l’ai trouvé très réconfortante et je l’ai ressentie profondément en mon âme et quelle Paix admirable m’habite encore après l’avoir lue…Merci ABBA Père!